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Les chroniques de Mèric, Anticipation



— Dis-moi ce qui nous attend, murmurais-je, méfiant.

Nous étions entrés en zone ennemie. La prudence était de mise pour atteindre le trésor que je convoitais. Quelques secondes passèrent sans que je ne reçoive de réponse. Je cherchai du regard mon guide que j’entendis justement rigoler… De ce petit rire cristallin ignoble. Je repérai la petite créature non loin d’un bosquet de fleurs orangées. M’en approchant, mécontent, je constatai avec indignation qu’elle s’était, une fois de plus, arrêtée pour faire une farce… Enfin… si faire plonger un lapin dans une mare de boue pouvait s’appeler une farce. Une mare profonde, constatais-je en observant l’animal se débattre tandis que ma guide virevoltait toujours rigolant tout autour.

— Il est temps de se remettre en route, lui soufflais-je avec une pointe d’impatience.

Je la vis stopper net, puis pivoter dans ma direction et s’approcher. M’observant de ses grands yeux incompréhensifs, du moins, c’était l’expression que je lui imaginais, car dans toute sa petitesse, je n’en savais rien. À vrai dire, je ne distinguais qu’à peine ses ailes de son corps. Je soutins son regard, même si à proprement parler, je n’avais rien à soutenir et d’un bond, elle fut au-dessus de moi.

Je ne la sentis sur ma tête que parce qu’elle se mit à jouer désagréablement dans mes cheveux blanc de neige. Franchement, qu'en avais-je à faire de porter des tresses ou non ? Absolument rien, mais, si cela pouvait la faire tenir en place le temps qu’il me restait avant de mettre la main sur cette perle, alors autant s’y faire. Je retins donc mon soupir, et me remis en route.

Lame au poing, je parcourus les mètres restant dans les bois. Ces derniers s’éclaircirent enfin et j’entrevis le château. Près d’une heure après avoir franchi les murs, il était temps. Sans parler des innombrables pièges que j’avais dû contourner pour me rendre jusque-là. La garde eut l’amabilité d’être exactement là où cette dégoûtante fée l’avait indiqué, soit à l'opposé de ma position actuelle. J’observai donc les lieux avant de m'y aventurer. Cinq tours, dont deux à même le bâtiment central. Trois étaient des tours de guet. Les chevaux circulaient librement, mais cela n'avait rien de bien surprenant. Les elfes n’étaient pas reconnus pour enfermer les animaux. Gagner leur amitié était-il vraiment plus louable si l’intention était la même ? Pour ma part, les soumettre me semblait le plus efficace.

Mon regard s’attarda un moment sur une monture blonde qui passa près de moi, m’observa, puis s’en fut. Bien, s’il avait fallu que la bête panique, il s’en était fait de mon entrée inaperçue. Il fallut à ma compagne toute sa concentration pour trouver précisément où se situait le précieux trésor. Je le tiendrais bientôt entre mes doigts. Je jubilais à l'idée de ce que je ferai de toute cette puissance magique !

Je sursautai au murmure de cette maudite princesse fée, comme je me serai passé de sa présence... Les jardins, compris-je. Sa minuscule main se posa sur mon front, elle me montrait le chemin en insufflant des images dans mon esprit. Traverser la cour, pénétrer le bâtiment central, puis le couloir de gauche, et ensuite, quatre portes et j'y serais. Ce n’était pas si loin. J'avançai prudemment évitant la garde, non pas que l'envie de poignarder chacun de ces êtres lumineux ne me démangeait... mais plus j'attendais pour le faire, moins risqué serait ma sortie... je me ferai alors un tel plaisir de les écorcher, un elfe à la fois. Leur peau blanche se maculerait alors de sang, et cette fierté puante se flétrirait de leur parfait visage…

Je trouvai enfin la quatrième porte. J’eus mon lot de sang dans ce couloir. Trois elfes pour garder un trésor aussi précieux. Les elfes, toujours aussi confiants. Personne ne se serait évidemment douté que moi, le dernier dragon sur Terre, je me présenterais. Je calmai mon cœur jubilant déjà alors que je tournais la porte. C'était trop tôt pour crier victoire. Je refermai la porte derrière moi et lançai un sort pour la verrouiller. Mon regard se porta alors autour. Ma surprise fut de taille.

Je me trouvais face à une elfe tout ce qu'il y avait de plus ordinaire, sauf peut-être sa couleur de cheveux ? Je n’arrivai pas à me souvenir si le bleu fut une couleur commune ou non… Je levai une main pour l’abattre, mais l'ignoble créature dans ma chevelure choisit ce moment pour s'envoler à trois millimètres de mon visage en me criant dessus. Enfin, cela me sembla plus un sifflement agaçant qu'autre chose.

— Êtes-vous un malfrat venu m’enlever ?

La voix de la femme me parut douce, sans peur. Je fronçai les sourcils, ennuyé par ce fait. Ne devrait-elle pas crier ? Je me concentrai sur la fée pour déchiffrer ses dires. Plus j'en entendais, plus je voyais rouge. Quelle sournoiserie était cela ? Comment une femme elfe pouvait être la source de pouvoir tant convoité ?! J'entendis la corne d'alarme résonner, le temps me manquait. Je devais emporter cette chose avec moi.

— Alors c'est vraiment vous ?!

Elle était enthousiaste… mon incompréhension dut se voir, car elle me saisit une main.

— Je connais un chemin, venez. J'irai avec vous. Je rêve de sortir de ces murs depuis toujours…

Cela faciliterait les choses me dis-je. Soit. Je trouverais bien en quoi cette personne me serait utile le temps venu. Si la fée m’avait emmené là, c'était que la solution à mon problème s’y trouvait. Je suivi le passage secret ouvert en en rien de temps, nous fûmes sortis. C'est le moment que choisit la nouvelle créature pour m'adresser à nouveau la parole.

— Navrée, j'en ai oublié mes manières, on me nomme Perle.

Je hochai simplement la tête ce qui me valut de petits coups de poing sur la tête venant de cette stupide princesse ailée.

— Mèric, soufflais-je en un murmure.






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